À l’USMBA de Fès , mémoire et savoir en hommage aux maîtres de l’hispanisme marocain

Hicham TOUATI 

La Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar El Mehraz de Fès, relevant de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (USMBA), a vibré, jeudi 22 mai 2025, au rythme d’un hommage rare et émouvant, consacré à trois figures tutélaires de l’hispanisme marocain : les regrettés professeurs Abdellatif Limami, Aziz Nouache et Abdelkader Bousfanj. À l’initiative du laboratoire CREDIF, en partenariat avec l’Institut Cervantès de Fès, cette journée d’exception s’est imposée comme un moment de mémoire, de reconnaissance et de réflexion académique.

Sous le regard attentif du président de l’USMBA, dont la présence a été saluée comme un gage fort de soutien aux humanités, le ton a été donné dès l’ouverture. Dans un mot chaleureux, empreint de solennité, il a exprimé sa joie d’accueillir à Fès des hispanistes venus de toutes les universités marocaines, saluant le rôle fondateur que cette communauté savante a joué dans l’histoire intellectuelle de l’université : « Je suis à la fois content et ému d’accueillir d’éminents chercheurs et professeurs venant de toutes les villes du Maroc… chacun de vous porte en lui un morceau de cette mémoire partagée. »

L’émotion a été palpable dans l’intervention du doyen de la faculté, rendant un hommage sobre et digne aux trois professeurs disparus. En rappelant leur dévouement, leur rigueur intellectuelle et leur humanité, il a souligné combien leur passage a façonné une génération d’étudiants et d’universitaires, laissant une empreinte indélébile sur le paysage de l’hispanisme marocain.

Cette journée a été marquée par trois temps forts. D’abord, le vibrant hommage posthume rendu aux trois professeurs, salué unanimement comme un devoir de mémoire. Ensuite, la présentation de l’ouvrage « Hommage aux hispanistes en retraite dans les universités marocaines », signé par Ahmed Benramdan, en collaboration avec Sabir, a constitué un moment de reconnaissance à l’égard de celles et ceux qui ont patiemment bâti l’enseignement de l’espagnol au Maroc. Enfin, un débat académique de haute tenue a permis de questionner les contours, les enjeux et les perspectives de l’hispanisme dans le Royaume.

Dans une déclaration empreinte de conviction, M. Òscar Pujol Riembau, directeur de l’Institut Cervantès de Fès, a affirmé : « C’est un plaisir d’être ici aujourd’hui… pour ces trois événements à la fois. Nous sommes ici pour honorer la mémoire de nos chers collègues disparus, pour célébrer les hispanistes en retraite, mais aussi pour penser ensemble l’avenir de cette discipline essentielle. » Il a également exprimé la ferme volonté de son institution de renforcer sa collaboration avec l’université, dans une perspective durable et ambitieuse.

Cette vision partagée d’un hispanisme vivant, critique et engagé a trouvé un écho particulier dans le mot du professeur Chakib Tazi, directeur du laboratoire CREDIF, architecte de cette rencontre. Soulignant la qualité des échanges, la richesse des interventions et la forte mobilisation des enseignants, chercheurs et étudiants, il a insisté sur la portée mémorielle et intellectuelle de cet événement : « Ce que nous avons vécu a dépassé le cadre d’un simple événement académique : ce fut un acte de mémoire, d’hommage et de renouvellement de notre engagement envers cette discipline. »

La réussite de cette rencontre, saluée par l’ensemble des participants, est à mettre au crédit d’une organisation exemplaire, portée par le professeur Fikri Soussan et son équipe, dont le souci du détail et la rigueur ont permis de faire de cette journée un moment d’élévation. Les images et les témoignages recueillis en sont les plus beaux reflets : une communauté réunie autour de la passion du savoir, animée par la reconnaissance envers ses aînés, et résolument tournée vers l’avenir.

À l’heure où les langues et cultures se croisent et se répondent dans un monde en quête de sens, l’hispanisme marocain, fort de ses héritages et riche de ses ambitions, confirme sa place au cœur du dialogue intellectuel et académique.