Une soirée poétique à Fès : Khalid HADJI illumine l’Institut français

Hicham TOUATI
Par une douce soirée de mai, la médiathèque de l’Institut français de Fès a vibré au rythme des mots et des silences, samedi 24 mai 2025, à l’occasion d’une rencontre littéraire dédiée au dernier recueil de Khalid HADJI, « Noms et signes » (Éd. Sagacita, 2024). Animée par Hassan IDBRAHIM, cette soirée a réuni un public passionné et réactif– enseignants, étudiants, amoureux des lettres et jeunes esprits curieux – témoignant de la vivacité de la scène culturelle fassie.
La Consule générale de France et directrice de l’Institut de Fès, Carine FOELLER VIALLON, a souligné l’importance de ce rendez-vous intellectuel. « Comment la poésie nous permet-elle encore d’interroger le monde ? », a-t-elle lancé, rappelant la mission de l’Institut français comme lieu de dialogue et de rayonnement culturel. Dans les nouveaux locaux, « véritable écrin pour ces rencontres », le public a pu savourer une discussion d’une rare densité, portée par la voix érudite d’Abderrahim KAMAL, professeur et fin connaisseur de l’œuvre de HADJI.
Ce dernier a offert une lecture minutieuse du recueil, centrée sur deux axes majeurs : le temps et l’écriture poétique. « Le mot "temps" prend chez HADJI deux acceptions », a-t-il expliqué, « une période historique sombre, marquée par la corruption et la violence, et une dimension existentielle, à la fois immobile et mouvante. » Citant Rimbaud et évoquant « les temps atrabilaires » décrits par le poète, KAMAL a mis en lumière la réponse de HADJI à cette noirceur : une parole poétique qui se fait « chant, cri, voix et soupirs ».
L’écriture, chez HADJI, est « un chemin de croix », une quête de l’indicible à travers « le sang-encre ». KAMAL a souligné la dimension mystique de cette poésie, où le mot devient « alchimique, brutal, feu et vision », et où le cœur, « instrument de connaissance », perce les secrets de l’univers. Un hommage touchant a été rendu au poète BERNOUSSI Saltani, dont l’engagement intellectuel résonne dans les « Marges en quête de plume », ultime partie du recueil.
Interrogé par « Universitatv », Khalid HADJI a partagé sa joie devant ce dialogue « enrichissant » avec un public « diversifié ». « Dans quelle mesure la poésie peut-elle répondre aux problèmes du quotidien ? », s’est-il interrogé, rappelant que son œuvre, bien que non politisée, se veut un hymne à « l’humanisme, la liberté et la fraternité ».
Les réactions du public ont confirmé la réussite de l’événement. Mustapha Bouignane, romancier, a salué un « débat passionnant », tandis qu’Abderrahmane, collégien de troisième année, a exprimé son admiration pour ces rencontres « cruciales pour l’évolution intellectuelle d’un pays".
Hassan Idbrahim a magistralement orchestré les échanges, faisant preuve d’une animation à la fois rigoureuse et sensible, qui a su donner son rythme et sa densité à cette soirée. Son talent pour créer des passerelles entre le poète, les intervenants et le public a grandement contribué à la richesse des débats.
Grâce à la couverture médiatique assurée par « Universitatv », cette soirée restera dans les mémoires comme un moment où la poésie, entre « illumination et prière », a transcendé les âges et les esprits. L’Institut français de Fès, une fois de plus, a prouvé son rôle indispensable dans l’animation de la vie culturelle