Le centre d’épanouissement Oum Aymane à Fès : pilier d’une école marocaine en mouvement

Hicham TOUATI 

Dans un contexte où l’école marocaine s’engage dans une refondation profonde, les Centres d’épanouissement émergent comme des espaces essentiels pour accompagner les élèves au-delà des apprentissages classiques. À Fès, le Centre d’épanouissement Oum Aymane incarne avec éclat cette vision nouvelle d’une éducation holistique, fondée sur l’art, la culture, l’expression et l’ouverture. Entre musique, théâtre, arts plastiques, langues vivantes et journalisme scolaire, ce centre ne forme pas seulement des apprenants, mais des citoyens sensibles, créatifs et engagés.

À l’heure où les défis éducatifs s’entrecroisent avec les mutations profondes du monde contemporain, l’école marocaine, portée par une ambition renouvelée, cherche des chemins inédits pour retrouver son rôle fondateur : celui de forger des êtres complets, éveillés, créatifs, et profondément enracinés dans leur humanité. Dans cette quête, les Centres d’épanouissement pour l’éducation et la formation, créés à l’échelle nationale, apparaissent comme une réponse inspirée, essentielle et profondément salutaire. Parmi eux, le Centre d’épanouissement Oum Aymane de Fès, relevant de l’Académie Régionale Fès-Meknès, s’impose avec éclat comme une référence nationale, un véritable creuset de talents où s’entrelacent l’art, la pédagogie et l’engagement.

Ce centre n’est pas une structure parallèle à l’école : il est son prolongement naturel, son souffle vivant. Depuis sa création, il a accueilli des milliers d’élèves issus de divers établissements publics et privés, âgés de 6 à 18 ans, leur offrant un accès équitable à un accompagnement artistique, linguistique et expressif d’une qualité rare. Ce succès, qui dépasse les simples indicateurs quantitatifs, repose avant tout sur une équipe éducative et administrative soudée, portée par une direction éclairée, des formateurs passionnés, et une vision commune : celle d’une école qui révèle, qui émancipe, qui rend possible.

Dans les murs de ce centre d’épanouissement, chaque atelier est une respiration, un monde à part. L’atelier des arts plastiques, animé par des artistes-pédagogues de grand talent, ouvre aux enfants les portes de l’expression libre. Bois, matières recyclées, pigments, supports variés : autant de médiums pour traduire les imaginaires, les émotions, les héritages culturels, et surtout pour apprendre à faire avec ses mains ce que l’on porte dans le cœur. Loin des cadres rigides, l’art y est une école de l’autonomie, de la patience, de la précision, et de l’altérité.

À quelques pas, l’atelier de musique pulse au rythme des percussions, des guitares, des voix juvéniles en formation. Sous la houlette d’un formateur musicien d’exception, les élèves s’initient à l’écoute active, à la pratique instrumentale, à la théorie musicale, mais aussi à la scène, dans une approche qui conjugue rigueur et joie. La musique y devient non seulement un langage universel, mais un lien social, une école du vivre-ensemble, une construction de l’estime de soi.

Le théâtre, quant à lui, est ici bien plus qu’une discipline artistique : il est une école de vie. Dans un espace où le geste, la voix, le silence, l’imaginaire prennent corps, les élèves se découvrent en découvrant les autres. Dirigé avec finesse par deux formatrices chevronnées, l’atelier de théâtre propose un travail complet : expression corporelle, techniques de diction, improvisation, écriture dramaturgique, mise en scène. On y apprend à se tenir debout, à écouter, à s’affirmer, à oser dire, sans craindre de se tromper. C’est un espace de résilience douce et de reconstruction silencieuse, souvent inespérée.

Dans un monde saturé d’images et de récits souvent vides de sens, l’atelier de la presse scolaire, autour du projet “son et image”, arrive comme une réponse puissante à un enjeu civilisationnel : redonner aux jeunes les clés de la lecture critique du monde et les outils pour en devenir des conteurs responsables. Encadré par un professeur expérimenté, ancien rédacteur en chef et directeur de publication, cet espace initie les élèves aux arcanes de la production audiovisuelle, de l’écriture journalistique, du montage, de la captation, et surtout, à l’éthique de l’information. Il ne s’agit pas de les former en techniciens, mais en esprits lucides et créateurs, capables de parler leur monde avec rigueur, avec poésie, avec engagement.

Enfin, l’atelier des langues, avec l’enseignement de l’allemand et de l’espagnol, ajoute une dimension d’ouverture internationale à cette œuvre éducative. Des enseignants aguerris y transmettent bien plus qu’un vocabulaire ou une grammaire : ils tissent avec leurs élèves une nouvelle relation au monde, nourrie par la rencontre de cultures, d’accents, de littératures. Le langage devient alors le vecteur d’une citoyenneté globale, plurielle et respectueuse.

Le rayonnement du Centre d’épanouissement Oum Aymane ne s’est jamais démenti. Chaque année, des centaine d’élèves franchissent ses portes, et pour beaucoup d’entre eux, c’est là que jaillira l’étincelle d’une vocation, d’une passion, d’une confiance retrouvée. Cette année encore, à l’occasion des Journées Portes Ouvertes organisées du 24 au 27 septembre 2025, l’affluence massive d’élèves, accompagnés parfois de leurs enseignants ou de leurs parents, en a témoigné avec éclat. Tous repartent avec des yeux brillants, des rêves en germination, et l’envie de revenir.

Dans un Maroc éducatif en pleine refondation, conformément à la Feuille de route 2022-2026, qui fait de la vie scolaire un pilier de la réussite éducative, le Centre d’épanouissement Oum Aymane à Fès démontre qu’une autre école est non seulement possible, mais déjà en marche. Une école qui fait de la beauté une nécessité, de l’art un droit, de l’expression un devoir, et de chaque enfant un potentiel à révéler.

Dans cet espace unique, l’élève n’est plus seulement un récepteur de savoirs, mais un acteur, un créateur, un citoyen en devenir. Le Centre d’épanouissement Oum Aymane n’enseigne pas uniquement à apprendre, il enseigne à être.