Crise dans l’éducation préscolaire à Moulay Yacoub : les éducateurs et éducatrices en colère face à l’indifférence des responsables

Crise dans l’éducation préscolaire à Moulay Yacoub : les éducateurs et éducatrices en colère face à l’indifférence des responsables

Hicham TOUATI

Dans un contexte marqué par des conditions de travail qualifiées de précaires et des revendications longtemps ignorées, les éducateurs et éducatrices de l’enseignement préscolaire de la région de Moulay Yacoub ont organisé, ce samedi 8 mars 2025, une vigoureuse manifestation devant la Direction provinciale de l’Éducation nationale, de l’Enseignement préscolaire et des Sports. Cette action, initiée par le bureau provincial du Syndicat des éducateurs et éducatrices de l’enseignement préscolaire, affilié à l’Union marocaine du travail (UMT), traduit un profond malaise au sein d’un secteur essentiel mais trop souvent négligé.

Les manifestants, venus en nombre, ont exprimé leur exaspération face à ce qu’ils qualifient de « politique de sourds oreilles » adoptée par les responsables. Leurs revendications, pourtant légitimes, restent sans réponse : des salaires dérisoires qui ne permettent pas de vivre dignement, des indemnités de transport et de formation payées avec retard, et des formations imposées pendant les weekends et les vacances sans respect des délais de préavis. À cela s’ajoute l’absence de cartes d’accès aux services de la Fondation Mohammed VI pour la promotion des œuvres sociales de l’éducation-formation, ainsi qu’un manque criant de matériel pédagogique.

Les éducateurs et éducatrices ont également réitéré leur refus d’accomplir des tâches supplémentaires non liées à leur mission principale d’enseignement, tout en exigeant le respect des libertés syndicales. Cette mobilisation fait suite au succès de la « Semaine de la colère », organisée du 3 au 7 février 2025, qui avait déjà mis en lumière les difficultés persistantes du secteur.

Parallèlement à cette effervescence sociale, un autre événement a retenu l’attention : une réunion de coordination entre l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) de Fès-Meknès et la Fondation marocaine pour l’enseignement préscolaire. Présidée par le directeur de l’AREF, en présence de la directrice générale de la Fondation et des directeurs provinciaux concernés, cette rencontre avait pour objectif de suivre la mise en œuvre de la convention de partenariat entre les deux parties et de préparer la rentrée scolaire 2025/2026.

Lors de cette réunion, le directeur de l’AREF a salué les efforts déployés par la Fondation pour améliorer la qualité de l’enseignement préscolaire. Il a également appelé à une meilleure gestion des ressources humaines et à une extension de l’offre éducative, notamment dans les zones à forte densité démographique, tout en proposant des solutions alternatives pour les régions moins peuplées. Cependant, malgré ces discussions prometteuses, les éducateurs et éducatrices restent sceptiques quant à la concrétisation de ces engagements.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si ces réunions de coordination déboucheront sur des actions tangibles. Les éducateurs et éducatrices de Moulay Yacoub, après avoir exprimé leur colère, attendent désormais des actes concrets. Leur combat ne se résume pas à des revendications salariales ou matérielles ; il s’agit avant tout d’une quête de dignité et de reconnaissance pour un métier essentiel à l’avenir des générations futures.

En définitive, l’éducation préscolaire, pierre angulaire du système éducatif, ne pourra s’épanouir sans une prise en compte sérieuse des besoins de ceux qui en sont les piliers. Les éducateurs et éducatrices de Moulay Yacoub, par leur mobilisation, rappellent une vérité simple mais essentielle : sans justice sociale, il ne peut y avoir de progrès éducatif. Leur voix, aujourd’hui portée par des slogans et des banderoles, mérite d’être entendue. Car, derrière chaque revendication, c’est l’avenir de milliers d’enfants qui se joue.