Comment Améliorer les Cadres Juridiques et Réglementaires pour Réduire la Circulation du Cash au Maroc
La circulation du cash au Maroc est un défi persistant. En 2024, le niveau de cash en circulation a atteint environ 403,2 milliards de dirhams en avril, représentant environ 30% du PIB, un des taux les plus élevés au monde. Le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a souligné l'importance de réduire cette dépendance à l'argent liquide pour améliorer la transparence, l'efficacité économique et lutter contre les activités illicites. Améliorer les cadres juridiques et réglementaires est crucial pour atteindre cet objectif.
Pour encourager l'utilisation des paiements électroniques, il est essentiel de mettre en place des réglementations claires et favorables. Cela inclut la standardisation des infrastructures de paiement, la sécurisation des transactions numériques et la réduction des coûts associés. Une régulation efficace incitera les commerçants et les consommateurs à adopter ces moyens de paiement. Bank Al-Maghrib a déjà mis en place un système de paiement par téléphone, mais les transactions restent inférieures aux attentes malgré 8 millions de portefeuilles électroniques enregistrés.
Accroître le taux de bancarisation est essentiel pour réduire la circulation du cash. Les cadres juridiques doivent faciliter l'ouverture de comptes bancaires, surtout pour les populations rurales et à faible revenu. Cela peut inclure des réglementations sur l'identification numérique et des incitations fiscales pour les institutions financières qui atteignent ces groupes.
L'inclusion financière doit être au cœur des politiques visant à réduire l'utilisation du cash. Cela comprend l'élargissement de l'accès aux services financiers pour les PME, les micro-entrepreneurs et les populations non bancarisées. Des réformes législatives peuvent soutenir la création de produits financiers adaptés et accessibles, ainsi que la protection des consommateurs.
Les incitations fiscales peuvent jouer un rôle crucial pour promouvoir les paiements électroniques. Par exemple, offrir des déductions fiscales aux entreprises qui acceptent des paiements électroniques ou qui investissent dans des infrastructures de paiement numérique. De plus, des réglementations peuvent imposer des limites sur les transactions en espèces pour encourager l'adoption de paiements numériques.
La lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme est un élément clé pour réduire la circulation du cash. Les cadres juridiques doivent être renforcés pour améliorer la transparence et la traçabilité des transactions financières. Cela inclut l'obligation pour les institutions financières de signaler les transactions suspectes et de respecter les normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d'argent .
Une stratégie efficace doit également inclure des campagnes de sensibilisation pour éduquer le public sur les avantages des paiements électroniques et les risques associés à l'utilisation excessive de l'argent liquide. Les programmes d'éducation financière peuvent aider à changer les comportements et à promouvoir une culture de paiement numérique.
Le secteur privé, notamment les fintechs et les opérateurs de télécommunications, joue un rôle crucial dans la réduction de la circulation du cash. Une collaboration étroite entre les régulateurs et ces acteurs peut favoriser l'innovation et le développement de solutions de paiement numérique accessibles et sécurisées.
La coopération internationale permet au Maroc d'adopter les meilleures pratiques et normes globales pour la régulation des paiements électroniques et la lutte contre l'utilisation excessive du cash. L'adoption de technologies avancées, telles que la blockchain et l'intelligence artificielle, peut améliorer la sécurité et l'efficacité des paiements électroniques.
Réduire la circulation du cash au Maroc nécessite une approche holistique et coordonnée. L'amélioration des cadres juridiques et réglementaires est un élément central de cette stratégie. En renforçant la réglementation des paiements électroniques, en encourageant la bancarisation, en promouvant l'inclusion financière et en offrant des incitations fiscales, le Maroc peut progresser vers une économie moins dépendante du cash. Les discours et rapports de Bank Al-Maghrib fournissent une feuille de route précieuse pour atteindre cet objectif, et la mise en œuvre efficace de ces recommandations sera cruciale pour le succès à long terme.
AZIRAR Hanane
Docteur en sciences économiques et gestion; Présidente du forum interdisciplinaire des doctorants chercheurs en économie et finance au Laboratoire interdisciplinaire de recherche en économie, finance et management des organisations (LIREFIMO)