À ISGA Fès la finance s’élève sous le signe de l’intelligence artificielle

À ISGA Fès la finance s’élève sous le signe de l’intelligence artificielle

Hicham TOUATI 

Après le franc succès de la première édition de la Conférence Internationale sur l’Afrique et l’Intelligence Artificielle, tenue en février dernier au sein de l’ISGA Fès, la ville impériale a de nouveau été le théâtre d’un rendez-vous intellectuel de haute tenue, confirmant sa place naissante comme carrefour de la réflexion académique et de l’innovation technologique sur le continent. 

Ce vendredi 23 mai 2025, la prestigieuse salle de conférences de l’Institut Supérieur d’Ingénierie et des Affaires a accueilli une rencontre capitale autour d’une thématique brûlante d’actualité : « Finance augmentée à l’ère de l’intelligence artificielle ». Une conférence orchestrée avec rigueur par M. Abdelouaret El Wardi, enseignant-chercheur en finance et coordonnateur du Master CCA, et saluée pour la finesse de ses échanges, la pertinence de ses intervenants et l’effervescence intellectuelle qu’elle a suscitée.

C’est devant une assemblée dense, composée de professeurs chevronnés, de chercheurs aguerris, de doctorants curieux et d’étudiants marocains comme internationaux, que les intervenants ont dressé les contours d’un monde financier en mutation. Deux conférenciers de renom ont tenu l’auditoire en haleine : M. Oussama Kharouaa, ingénieur d’État et expert en intelligence artificielle appliquée à la finance, actuellement en mission à la Banque Postale à Paris, ainsi que M. Abderrahim Hansali, enseignant-chercheur en finance à l’ENCG Marrakech et président de la Morocco Fintech Association.

Dans une atmosphère empreinte de sérieux et de passion, les intervenants ont exposé les multiples visages de la transformation numérique du secteur financier. De la gestion des risques à la conformité réglementaire, en passant par la détection proactive des fraudes, l’intelligence artificielle apparaît désormais non comme une menace, mais comme un allié incontournable du financier contemporain. « Aujourd’hui, nous vivons une véritable révolution silencieuse dans le monde de la finance, affirmait M. El Wardi. L’intelligence artificielle ne remplace pas le financier : elle l’augmente. » Et de poursuivre avec acuité : « Grâce à elle, nous ne parlons plus simplement de comptabilité ou de reporting. Nous parlons d’anticipation, d’agilité et de décisions éclairées en temps réel. »

Cette vision prospective a trouvé un écho appuyé dans les propos de M. Kharouaa, dont l’intervention fut saluée tant pour sa clarté que pour sa profondeur : « Nous avons abordé l’apport du Big Data dans le cadre de la conformité bancaire. Le débat fut riche, les échanges stimulants. Les étudiants sont curieux, très au fait de ces problématiques. Ils cherchent à comprendre l’ascension de l’IA dans leurs futurs métiers. » Sa présentation, accessible et ancrée dans des cas pratiques, a su éveiller l’intérêt d’un public hétérogène, allant des étudiants en sciences économiques aux passionnés d’ingénierie algorithmique.

Mme Siham Ammari, directrice pédagogique de l’ISGA Fès, n’a pas manqué de souligner l’importance d’un tel événement dans le paysage académique marocain : « Cette rencontre a permis d’échanger autour des mutations profondes que connaît le secteur financier à l’ère du digital. Elle a rassemblé des experts de renom, et je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à sa réussite. »

L’enthousiasme était également palpable du côté de M. Achraf Kharouaa, directeur de l’école de Management à l’ISGA Marrakech, qui a salué une conférence « riche en informations, touchant autant les professionnels que les étudiants. Le sujet de la conformité bancaire, du crédit scoring, et des opérations frauduleuses automatisées a capté toutes les attentions. »

L’intérêt suscité par cette rencontre dépassait de loin les seuls cercles académiques. En témoigne l’intervention vibrante de Sissi Soulaymane, étudiant subsaharien en Master à la FSJES de Fès : « J’avais certaines inquiétudes sur l’IA, sur les risques, les hackers, les dérives possibles. Mais ce débat m’a permis de mieux comprendre les enjeux, d’apaiser mes doutes. C’était une conférence formatrice. » Un sentiment partagé par nombre de ses camarades, visiblement touchés par la transversalité du sujet et l’approche pédagogique adoptée par les intervenants.

Car c’est bien cela que cette conférence a révélé dans toute sa splendeur : l’avènement d’une nouvelle finance, à la fois intelligente et responsable. Une finance où la machine seconde l’humain sans le supplanter, où l’éthique s’invite au cœur des algorithmes, et où la formation des talents devient un enjeu capital. Hajar Filali, professeure d’informatique à l’ISGA Fès, l’exprime avec justesse : « À l’ère de la transformation numérique, l’IA redéfinit les fondements de la finance moderne. Grâce à l’analyse prédictive, elle permet d’anticiper les risques et d’assurer une conformité plus efficace. »

Ainsi, après l’éclatante réussite du colloque sur l’Afrique et l’Intelligence Artificielle coorganisé avec le CMEADD, cette nouvelle rencontre académique confirme la vocation de l’ISGA Fès à se positionner à la croisée des savoirs et des transformations du monde. En conjuguant rigueur scientifique, ouverture intellectuelle et modernité technologique, l’institution s’impose progressivement comme un phare dans le paysage de l’enseignement supérieur africain. À l’heure où l’intelligence artificielle bouleverse les paradigmes établis, Fès, ville de mémoire et d’avenir, semble bien décidée à inscrire son nom dans la carte de cette révolution silencieuse.