Maroc : la police sanctionnera les "bavures »

Maroc : la police sanctionnera les "bavures »

Hicham TOUATI 

Dans le tourbillon des rues marocaines, où résonnent depuis fin septembre les slogans de la contestation portée par la mouvance « Génération Z 212 », une tension palpable persiste entre le droit de manifester et les méthodes employées pour encadrer ces rassemblements. Des images, diffusées en cascade sur les réseaux sociaux, ont cristallisé les critiques, montrant parfois des interventions des forces de l’ordre perçues comme disproportionnées. Une défiance s’est installée, alimentée par ces séquences où la frontière semble floue entre le maintien de l’ordre et l’excès de zèle.

C’est dans ce climat de défiance que la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a pris publiquement position. Interpellée par une vidéo spécifique ,montrant, selon les publications en ligne, deux fonctionnaires de police en tenue adoptant des « comportements entachés d’illégalité » , l’institution a rompu le silence par un communiqué aussi ferme que mesuré. Loin de tout déni, elle annonce avoir saisi son Inspection générale pour une enquête approfondie, visant à « établir les faits, identifier les manquements et déterminer les responsabilités professionnelles et juridiques ».

Cette réaction officielle ne surgit pas dans un vide politique. Elle s’inscrit dans le sillage des recommandations récentes du ministère de l’Intérieur, qui avait appelé ses unités à un strict respect de la loi et des droits des citoyens dans le cadre de la protestation pacifique. Un rappel à l’ordre préventif qui trouve aujourd’hui un écho concret dans l’ouverture d’une enquête interne. Preuve que les autorités marocaines entendent dissocier l’action légitime de maintien de l’ordre des écarts répréhensibles.

La démarche est claire : en confiant l’enquête à l’Inspection générale, la DGSN mise sur un processus disciplinaire et juridique rigoureux. Elle réaffirme par la même occasion son « engagement constant » à appliquer la loi, « avec fermeté et justesse », contre tout agent dont l’implication dans des actes illégaux serait avérée. Une manière de signifier que l’impunité n’est pas une option et que l’uniforme ne saurait servir de bouclier à des pratiques illégitimes.

Cette séquence, si elle est observée avec prudence par les collectifs de défense des droits humains, marque une forme de prise de conscience institutionnelle. Elle intervient alors que la jeunesse marocaine, à travers des mobilisations éclatées mais déterminées, interroge avec une insistance croissante les limites de l’autorité et les conditions de l’exercice des libertés publiques.

Les décideurs marocains, quant à eux, semblent résolus à incarner une ligne sans ambiguïté : celle d’un État de droit qui, s’il ne tolère pas les débordements séditieux, n’accepte pas non plus les dérives de ceux qui sont censés le servir. Gageons que cette promesse d’enquête soit le prélude à une justice impartiale, seule capable d’apaiser les esprits et de restaurer une confiance aujourd’hui mise à rude épreuve.