Khadija ZOUMI sonne l’alarme : pour une école libérée de la violence et digne de ses éducateurs

Hicham TOUATI
La recrudescence des actes de violence dirigés contre les membres du corps enseignant et administratif dans les établissements scolaires marocains suscite une inquiétude croissante. Ce phénomène, autrefois sporadique, tend désormais à s’inscrire dans une inquiétante régularité, ébranlant les fondements mêmes de l’institution éducative en tant qu’espace de transmission du savoir, des valeurs et de la civilité.
Récemment, les cas d’agressions verbales et physiques — parfois d'une extrême gravité, causant fractures, blessures ou traumatismes — se sont multipliés, tant de la part d’élèves que de certains parents d’élèves. Face à cette situation alarmante, la réaction institutionnelle semble en deçà des attentes, comme l’a souligné avec fermeté Mme la députée Khadija ZOUMI, membre du groupe istiqlalien pour l’unité et l’égalitarisme à la Chambre des représentants, dans une question écrite adressée, ce lundi 7 avril 2025, à Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports.
La parlementaire y exprime sa vive préoccupation quant à l’absence de soutien effectif dont bénéficient les victimes. Elle relève que « nombre de victimes se retrouvent sans appui ni accompagnement adéquat, certaines directions provinciales ne prenant même pas la peine de publier de communiqués officiels condamnant ces agressions ou exprimant leur solidarité avec les personnes ciblées ». Une telle inertie administrative ne fait qu’aggraver le sentiment d’abandon au sein du corps éducatif.
La question écrite soulève également un point de fond : la pertinence des dispositions disciplinaires en vigueur, notamment celles énoncées dans la circulaire ministérielle n° 14/867 du 17 octobre 2014. Ce texte, conçu dans une logique éducative et préventive, recommande des mesures telles que le jardinage ou le nettoyage des locaux scolaires pour sanctionner certains comportements. Or, il apparaît aujourd’hui, selon de nombreux témoignages relayés par les acteurs de terrain, que ces mesures « sont devenues un facteur encourageant les agressions, au lieu d’être un moyen dissuasif préservant la dignité de l’école et de sa communauté ».
En interpellant directement le ministre, Khadija ZOUMI pose une série de questions cruciales : quelles sont les mesures urgentes que le ministère entend mettre en place pour assurer une protection réelle des professionnels de l’éducation ? Quelle est la position du ministère face à ce silence administratif récurrent ? Et surtout, existe-t-il une volonté politique de revoir la circulaire précitée, désormais jugée obsolète, pour la remplacer par des dispositions plus rigoureuses, à la hauteur de la gravité des actes commis ?
Ce cri d’alarme parlementaire traduit une exigence : celle de restaurer la sacralité de l’école et de redonner à ses acteurs la considération et la protection qu’ils méritent. Car dans une société qui aspire à la modernité, il ne saurait y avoir de place pour l’impunité face à la violence exercée contre celles et ceux qui ont pour mission d’éclairer les esprits et d’élever les consciences.