Almassira à Fès : une école , un livre , une promesse d’avenir

Hicham TOUATI
Dans un paysage éducatif en quête de repères et de sens, l’école Almassira de Fès se distingue par une initiative lumineuse qui redonne au livre la place centrale qu’il n’aurait jamais dû perdre. À travers son festival « L’échelle de la lecture », cette école publique, créée en 1984 et nommée en hommage à la Marche Verte, fait bien plus qu’organiser un événement culturel : elle trace un chemin, une marche symbolique où chaque page tournée par un élève devient une avancée vers un avenir plus lucide, plus libre. Une école, un livre, une promesse. Celle que la lecture, quand elle est portée par des éducateurs passionnés et une communauté impliquée, peut encore éclairer le destin d’une génération.
À une époque où la lecture peine à rivaliser avec écrans et claviers, où les élèves désertent peu à peu les livres au profit de contenus éphémères et fragmentés, l’école publique Almassira, située dans la direction provinciale de Fès, se distingue par une initiative d’une rare noblesse intellectuelle : le Festival du Printemps – L’échelle de la lecture, organisé du 22 au 24 mai 2025 par le Club de lecture et de créativité, en partenariat avec l’Association des parents d’élèves. Ce projet pédagogique, mené sous le thème évocateur « Le lecteur d’aujourd’hui, le leader de demain », s’impose non seulement comme une bouffée d’oxygène culturelle, mais aussi comme un modèle d’engagement éducatif à saluer.
Fondée en 1984, l’école Almassira — dont le nom, cher au cœur des Marocains, rend hommage à l’épopée de la Marche Verte — n’a cessé, depuis sa création, de former des générations de citoyens éclairés. Fidèle à son identité et à son rôle historique, elle offre à travers cette initiative un témoignage vivant de sa capacité à allier tradition éducative et innovation pédagogique.
L’événement a réuni des personnalités de haut rang et des représentants de diverses composantes du tissu éducatif et social, à commencer par le directeur provincial de Fès, dont la présence a conféré à cette manifestation un éclat institutionnel indéniable. Aux côtés de celui-ci, on notait la participation de M. Mohamed Belfkih, inspecteur de langue arabe, de la présidente du Réseau national de la lecture et de la culture, de représentants de fédérations de parents d’élèves, de chefs d’établissements scolaires, de délégués syndicaux, ainsi que d’un représentant du Conseil scientifique de Fès. Parents, élèves, enseignants et cadres administratifs étaient eux aussi mobilisés, unis autour d’une vision partagée : celle de la réhabilitation du livre comme compagnon d’éveil et d’émancipation.
Le programme, d’une richesse remarquable, témoignait d’un travail collectif rigoureux et inspiré. De l’ouverture solennelle du salon de la bibliothèque scolaire à la conférence animée par le chercheur Rachid Chakiri sur « L’acte de lecture dans l’école marocaine », chaque moment du festival portait l’empreinte d’une volonté ferme de redonner sens et goût à la lecture. Les élèves, tous niveaux confondus, ont investi les différents espaces de l’établissement, transformés pour l’occasion en scènes d’expression littéraire et artistique.
Ainsi, les plus jeunes ont enchanté l’assistance avec des ateliers de contes et de dessin narratif, tandis que les niveaux intermédiaires ont brillé dans des performances théâtrales telles que « La lecture nous unit », « J’ai le droit d’apprendre », ou encore une œuvre en amazighe, fruit de l’adaptation et de la mise en scène de leurs enseignantes, Mmes Karima Belhaj et Fatiha. Les aînés se sont distingués dans des concours de lecture multilingues — arabe, français, amazighe —, des ateliers de rédaction de contes, des récitations poétiques et des pièces de théâtre en français, telle que « La vie », qui ont illustré avec brio leur maîtrise langagière et leur sensibilité littéraire.
Le staff pédagogique et administratif de l’école s’est investi avec un dévouement exemplaire, orchestrant avec finesse chaque détail logistique, pédagogique et artistique de cet événement. L’Association des parents d’élèves, pleinement impliquée, a su créer une dynamique participative rare entre l’institution et les familles, ancrant l’école dans son environnement social immédiat.
Ainsi, Almassira s’impose comme un repère, et prouve que, lorsque l’école marocaine publique est soutenue par des enseignants visionnaires et des communautés investies, elle peut devenir un véritable creuset d’excellence et d’innovation. L’initiative de L’échelle de la lecture n’est pas seulement une célébration de la littérature ; elle est un acte de résistance contre l’amnésie culturelle et un acte de foi en la puissance formatrice du mot écrit.
À travers ce festival, Almassira n’a pas simplement honoré le livre : elle a rappelé que chaque lecture est une marche — une massira — vers la lumière.