Naissance d'une force syndicale à El Hajeb : l'UMT renforce son implantation territoriale

Naissance d'une force syndicale à El Hajeb : l'UMT renforce son implantation territoriale

Hicham TOUATI 

C'est dans une atmosphère chargée d'espoirs révolutionnaires que s'est tenue, ce dimanche 27 avril, l'assemblée constitutive de l'Union des Syndicats de la province d'El Hajeb, nouvelle déclinaison locale de l'Union Marocaine du Travail (UMT). Sous la présidence de Miloud Maassid, premier secrétaire général adjoint, cette cérémonie solennelle a transcendé le simple formalisme démocratique pour devenir un véritable acte de résistance ouvrière. "Nous édifions bien plus qu'une structure administrative : une citadelle imprenable contre l'injustice sociale", a proclamé le leader syndical, rappelant opportunément la proximité symbolique avec le 1er Mai, jour sacré du prolétariat international.

L'élection du bureau directeur, menée avec une rigueur quasi sacramentelle, a consacré vingt-et-un membres - dont cinq femmes - portés par une majorité absolue des voix. Cette représentation féminine encore timide mais significative marque une volonté d'intégrer progressivement celles qui furent trop longtemps reléguées aux marges du mouvement syndical. Le nouveau siège, inauguré la veille dans une ambiance quasi mystique, se présente comme ce "sanctuaire des luttes" dont parlait Maassid : un espace sacralisé où viendront se cristalliser les revendications des ouvriers meurtris, des enseignants désillusionnés, des employés broyés par les soubresauts d'un capitalisme en pleine mutation.

Les ambitions affichées frisent l'utopie mobilisatrice : rien moins qu'une régénération complète du tissu syndical. Centraliser les énergies disséminées, instaurer un dialogue social authentique, former une nouvelle génération de cadres rompus aux subtilités du combat juridico-politique. L'attention se porte particulièrement sur ces zones d'ombre que constituent les secteurs informels, ces non-lieux du droit du travail où s'entassent par milliers les "damnés de l'économie souterraine". Pour l'UMT, héritière d'une doctrine forgée dans les luttes anticoloniales, ce territoire négligé représente le nouveau front de la bataille pour la justice sociale.

Ainsi, tandis que s'annonce un printemps marocain sous haute tension sociale, El Hajeb devient le théâtre d'une renaissance syndicale. Non plus ce syndicalisme gestionnaire, simple gardien des acquis, mais bien ce phare des opprimés qui illumina jadis l'âge d'or des indépendances. L'histoire se répétera-t-elle, avec sa cruelle ironie ? Tout dépendra de la capacité de ces vingt-et-un élus à transformer l'essai. Qu'on en soit sûr : ils écriront, non pas un énième chapitre de déclin, mais l'épopée d'une régénération.