Maroc Mauritanie : une alliance académique au cœur de la renaissance sud sud

Maroc Mauritanie : une alliance académique au cœur de la renaissance sud sud

Hicham TOUATI 

L’histoire intellectuelle entre le Maroc et la Mauritanie s’écrit désormais à l’encre indélébile. La récente visite d’une délégation universitaire marocaine à Nouakchott, dans le cadre de la "Semaine du Maroc en Mauritanie", ne se contente pas de symboliser une coopération traditionnelle. Elle incarne plutôt l’émergence d’un nouveau modèle de partenariat scientifique où la connaissance devient le socle d’une intégration stratégique.  

Au-delà des protocoles officiels et des signatures rituelles, c’est dans l’effervescence des amphithéâtres de l’Université de Nouakchott que se joue la véritable rencontre entre ces deux visions académiques. Des professeurs venus des universités de Fès, Rabat et Meknès y côtoient leurs homologues mauritaniens, non pas en simples observateurs mais en bâtisseurs actifs d’un édifice commun. La présence remarquée d’éminents juristes et économistes marocains – dont le Pr Mohamed BOUZLAFA, doyen de la faculté de droit de Fès – témoigne de la maturité atteinte par cette collaboration depuis la signature de l’accord de décembre 2024.  

Cette dynamique s’inscrit dans une vision plus large, celle tracée par les orientations royales marocaines plaçant la coopération sud-sud au cœur de la politique étrangère du royaume. Elle répond également aux aspirations mauritaniennes de modernisation de son paysage universitaire. La complémentarité est frappante : d’un côté, la Mauritanie avec son riche patrimoine juridique malékite et ses traditions d’enseignement séculaires ; de l’autre, le Maroc et son expérience avancée en matière de gouvernance universitaire et de recherche appliquée.  

Les réalisations concrètes parlent d’elles-mêmes. Programmes conjoints de master et doctorat, codirections de thèses, projets de recherche sur des thématiques transsahariennes – autant d’initiatives qui dépassent le cadre symbolique pour toucher à l’essence même de la production et du partage du savoir. L’accueil croisé d’étudiants et de chercheurs dans les deux pays crée progressivement une communauté intellectuelle unie par des références communes.  

Ce qui se joue actuellement entre Fès et Nouakchott dépasse le simple cadre académique. Il s’agit ni plus ni moins de la construction d’un espace intellectuel partagé, où se forgent les cadres de demain, où s’élaborent les solutions aux défis régionaux. Dans un contexte international marqué par les fractures multiples, cette alliance du savoir offre un contre-modèle puissant – celui d’une coopération égalitaire tournée vers l’avenir.  

La véritable portée de ce partenariat se mesurera à l’aune des générations futures qu’il contribuera à former. Des femmes et des hommes imprégnés de cette double culture juridique et économique, capables de penser les enjeux régionaux avec la richesse de ces deux héritages complémentaires. C’est peut-être là le legs le plus précieux de cette collaboration : non pas simplement des accords sur papier, mais la création d’une communauté de destin à travers la connaissance partagée.