Maroc : La visite stratégique de Hammouchi à Vienne consolide le leadership sécuritaire du Royaume

Hicham TOUATI
Dans un contexte international marqué par la mutation des menaces terroristes et la complexification des réseaux criminels transnationaux, le directeur général de la Sûreté nationale et de la surveillance du territoire (DGSN-DGST), Abdellatif HAMMOUCHI, a effectué une visite de travail à Vienne du 6 au 8 mai. Placée sous le signe du renforcement de la coopération multilatérale, cette mission illustre une fois de plus le rôle pivot du Maroc dans l’architecture sécuritaire régionale et mondiale.
Accompagné d’une délégation de haut niveau, M.HAMMOUCHI a pris part au 22e sommet régional des chefs des services de renseignement et de sécurité du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, de la Turquie et du Pakistan, organisé par l’Équipe d’analyse et de surveillance des sanctions des Nations unies. Ce rendez-vous, qui réunit les décideurs des appareils sécuritaires des pays les plus exposés au terrorisme, a permis d’examiner les transformations structurelles des groupes Daech et Al-Qaïda, désormais privés de leurs bastions historiques mais toujours actifs à travers des filiales régionales. Les débats ont porté sur l’évaluation des risques à court et moyen terme, ainsi que sur les nouvelles méthodes de financement et de propagande employées par ces organisations. Les participants ont notamment analysé les mécanismes de blanchiment d’argent crypté et l’évolution des stratégies médiatiques jihadistes, soulignant la nécessité d’une réponse coordonnée.
En marge des sessions plénières, le patron de la DGSN-DGST a mené des consultations bilatérales approfondies avec les délégations du Qatar, de la Turquie, de l’Arabie saoudite, du Pakistan et des Émirats arabes unis. Ces entretiens ont confirmé la demande croissante d’expertise marocaine en matière de lutte antiterroriste et de cybercriminalité. « Cette visite consolide la crédibilité des services de sécurité marocains, perçus comme un interlocuteur fiable et innovant », observe un diplomate européen sous couvert d’anonymat. Le modèle marocain, alliant renseignement proactif et coopération judiciaire internationale, fait en effet référence depuis plusieurs années, comme en attestent les multiples accords signés avec l’UE, les États-Unis et les pays africains.
Avec cette participation, le Maroc réaffirme sa doctrine sécuritaire, fondée sur l’anticipation et le partage d’informations. Les succès enregistrés contre les cellules dormantes et les filières de recrutement terroriste ont valu à Rabat une place privilégiée dans les instances onusiennes, dont l’Office contre la drogue et le crime (ONUDC). « Le Royaume ne se contente pas de sécuriser son territoire ; il exporte son savoir-faire et contribue à la stabilité globale », souligne un analyste viennois. Preuve en est : la DGST, dirigée par Hammouchi, figure parmi les rares agences africaines régulièrement sollicitées pour des formations par les pays du G5 Sahel.
Au-delà des enjeux techniques, cette visite renforce le soft power du Maroc, désormais perçu comme un hub de stabilité dans une région volatile. Dans un monde où la sécurité devient une monnaie d’échange géopolitique, Rabat capitalise sur l’excellence de ses institutions pour affirmer son leadership. Reste à présent à concrétiser les engagements pris à Vienne, notamment en matière de cyberveille et de traçabilité des flux financiers illicites. Un défi à la mesure de l’ambition marocaine.