À l’écran , l’école se réinvente : l'Aref Fès Meknès consacre le triomphe du film pédagogique

Hicham TOUATI
À Fès, s’est achevée, dans une ferveur empreinte de dignité et d’enthousiasme, la vingt-et-unième édition du Festival National du Film Pédagogique, placée sous le thème évocateur : « Le film pédagogique au service d’une école de qualité ». Du 28 au 30 avril 2025, le centre régional des formations et des rencontres Moulay Slimane a été le théâtre d’un élan collectif rare, conjuguant la fougue créatrice de la jeunesse à l’exigence des éducateurs et réalisateurs les plus chevronnés.
Porté par l’Académie Régionale d’Éducation et de Formation Fès-Meknès, avec le concours vigilant de la Direction Générale de la Vie Scolaire, ce rendez-vous culturel et éducatif s’est imposé comme un moment d’élévation intellectuelle, d’expression artistique et de communion humaine. « Ce festival a offert une tribune privilégiée pour célébrer les productions artistiques et intellectuelles des élèves issus des divers clubs pédagogiques », a salué Abdelmoumen TALIB, Directeur Général de la Direction de la Vie Scolaire, en soulignant la « vitalité créative de notre jeunesse » et la « compétence unanimement reconnue » des encadrants qui les ont accompagnés.
Fouad ROUADI, directeur de l’AREF Fès-Meknès et du Festival, a, quant à lui, tenu à rappeler la profondeur de l'engagement éducatif qui sous-tend l’événement : « Ce festival est bien plus qu’une compétition : c’est un plaidoyer pour une école où l’audiovisuel devient levier d’émancipation, où chaque image projetée est une graine de créativité semée dans l’esprit de nos jeunes. » Loin des simples apparats d’une cérémonie de clôture, ses propos ont résonné comme un manifeste pour une école marocaine ouverte, audacieuse et habitée par les valeurs universelles.
Par l’ampleur de sa programmation, cette édition s’est distinguée par un raffinement remarquable. Vingt-quatre films pédagogiques, sélectionnés dans tout le Royaume, ont concouru avec une diversité de styles et de sensibilités. Des ateliers de formation, des tables rondes animées par des experts du Septième Art, et un Master Class de haute tenue ont enrichi les échanges, culminant dans une projection publique sur la mythique place Boujloud – offrant ainsi au cinéma pédagogique une visibilité populaire inédite.
Les distinctions décernées au terme de cette édition reflètent avec éclat la richesse des talents révélés et la rigueur des productions présentées. Le prix du meilleur rôle féminin a couronné l’interprétation remarquable de l’actrice principale de " Mon deuxième père" , œuvre de l’école communautaire Moulay Idriss Premier de Figuig. Le meilleur rôle masculin est revenu au jeune Adam, prodige du film " Le Stylo", produit par le groupe scolaire Al Majd de Tiznit, dont la maturité expressive a impressionné le jury. Le prix du meilleur scénario a distingué "Rives", fruit du travail des élèves du groupe scolaire Oulad Faraj de Fquih Ben Salah, pour sa structure rigoureuse et son message profondément humain. La mise en scène de "Sécurité perdue", signée Saïd El MGHARI, a été saluée pour son approche poétique et la cohérence de son esthétique au service du propos éducatif. Quant à la plus haute distinction du festival, elle a été attribuée au film "Lettres non écrites" de Hamza MEDRAKI, produit à Safi, AREF Marrakech-Safi, véritable chef-d’œuvre conjuguant finesse narrative, excellence technique et puissance pédagogique.
Le jury a également tenu à féliciter plusieurs œuvres remarquables pour leur originalité ou la performance de ses acteurs : "Moi" de Sefrou représentant l'Aref Fès-Meknès, "Ténèbres lumineuses" de Berrechid, "Lutte" de Sidi Ifni, "Asif" d’Ouarzazate, "Victoria" d’Oued Ed-Dahab, ainsi que le scénario subtil de "Rêves reportés" d’Oujda. À travers ces prix, c’est toute une jeunesse qui se voit honorée, et avec elle, la communauté éducative qui l’accompagne avec passion vers les sommets de l’expression artistique et de l’engagement citoyen.
Mais au-delà des trophées et des reconnaissances, c’est l’esprit même du festival qui s’est imposé avec éclat : celui d’une école marocaine en pleine métamorphose, où le film pédagogique devient un outil d’éveil, de dialogue et d’engagement. Comme l’a rappelé Abdelmoumen TALIB, ce festival s’inscrit dans « la feuille de route 2022-2026 pour une école publique de qualité pour tous », en favorisant « une dynamique permanente » où l’élève, l’enseignant et l’établissement sont les piliers d’un nouvel humanisme éducatif.
Le Festival National du Film Pédagogique n’a pas seulement célébré des talents prometteurs ; il a réaffirmé la puissance du cinéma comme vecteur d’émancipation, de transmission et de lien social. En cela, il participe d’une vision ambitieuse et lumineuse : celle d’une école qui non seulement instruit, mais qui éveille, inspire et relie – à l’image de ce festival, désormais essentiel, qui s’affirme comme un phare de créativité au service de la Nation.